Il ne dissimulait pas son plaisir, ce soir de mars 2012, sur la scène de la Maison des Travaux Publics, tout à côté des Champs Elysées, de recevoir des mains d’Erik Orsenna le prix du livre des Mémoires de la Mer 2012. Ni son plaisir…ni son étonnement de recevoir ce prix pour son « L’ivre de Mer » qu’il qualifiait lui-même de livre… « foutraque ».
Yvon Le Corre est décédé, à la fin du mois d’août chez lui à Tréguier, où ce grand marin artiste-voyageur avait jeté l’ancre, il y a plusieurs décennies.
Il avait inauguré, quelques semaines plus tôt, à Tréguier, une des deux expositions qui lui étaient consacrées durant cet été 2020.
https://actu.fr/bretagne/treguier_22362/treguier-le-peintre-yvon-le-corre-est-decede_35714337.html
Titouan Lamazou, invité d’honneur de la première édition du Festival des Mémoires de la Mer en mai 2019 à Fécamp, qui avait été son élève, lui a rendu hommage en publiant une photo prise à bord d’Iris, le bateau d’Yvon, en 1972 en Mer du Nord.
En complément de la vidéo de la soirée des Mémoires de la Mer 2012, le texte de mon message à Yvon Le Corre lors de la remise de son prix :
« Je veux d’abord vous remercier d’avoir accepté notre prix et de vous être personnellement déplacé pour le recevoir.
Car j’ai cru comprendre que vous n’aimiez pas beaucoup les honneurs et que vous en aviez refusé plusieurs et des plus éminents. Vous avez accepté notre prix et nous en sommes très fiers. Le hasard de la répartition des livres au sein du jury m’avait attribué votre livre. Je dois vous dire que je l’ai ouvert avec une certaine méfiance, voire une certaine appréhension.
Méfiance à l’égard d’un livre écrit, comme on dit, à compte d’auteur, par un auteur renommé certes mais surtout connu comme peintre, comme dessinateur, comme navigateur solitaire et comme un grand monsieur du Carnet de Voyages.
Méfiance donc mais aussi appréhension face à ce livre à l’allure bizarre, avec ce titre en forme de jeu de mots, avec ces 60 pages découpées en 13 chapitres, rebaptisés livres comme dans la Bible…
J’appréhendais aussi, je peux vous l’avouer, que votre livre ne soit qu’un cri de colère, celui d’un marin solitaire, nostalgique d’un monde de la mer plus authentique et plus fraternel.
Et bien, j’avais tout faux !
S’il y a bien des coups de gueule – ô combien mérités – dans votre livre, c’est surtout un formidable cri d’amour pour la mer, pour sa beauté, pour cet art sans triche qu’est la navigation à la voile.
Un cri d’amour envers et contre tout, malgré tout ce que la mer vous a fait et vous a pris, comme vous le racontez avec vos mots et vos dessins, dans ce très beau livre 2 intitulé tout simplement «Naufrage».
Et, cerise sur le gâteau, votre livre est aussi un vrai bijou d’impression, un bijou que vous avez fabriqué seul au plomb, au cuivre, à l’eau-forte sur une presse vieille de 150 ans. Un livre que vous avez tiré vous-même sur des feuilles de vélin : du vélin de Lama de 250 gammes pour être précis !
Merci de ce cri d’amour pour le livre et pour la mer que je ne peux que vous inviter tous à lire au plus vite ! Merci et bravo !
Benedict Donnelly
Nous avons regardé Thalassa, puis l’hommage de ce chantre de la mer et de la peinture « Yvon le Corre ».. Nous avons été très heureux de partager ce moment, d’autant que mon mari avait un chantier naval à Thonon-les-Bains 74 . il dit toujours après avoir ëté en usine comme tourneur ajusteur (le métier qu’il a appris) qu’il ne s’est jamais ennuyé, ni regarder sa montre au chantier naval.