Hommage à Alain Bourdeaux, Président de l’association du Festival des Mémoires de la Mer.
Décédé brutalement, il y a quelques jours, à l’hôpital de Lisieux, Alain a été pendant 20 ans un des piliers de l’aventure de l’Hermione, des débuts du chantier au voyage américain.
A peine descendu de la passerelle de l’Hermione, Alain a pris la barre d’un projet enraciné dans « sa » région, la Normandie : la reconstruction à l’identique du bateau amiral de la flotte avec laquelle le duc de Normandie, Guillaume Le Conquérant, conquit l’Angleterre en 1066. Une reconstruction inspirée par la reproduction du navire sur la Tapisserie de Bayeux.
Coïncidence… le 5 janvier dernier, France 3 diffusait une émission spéciale des Racines et des Ailes sur » l’héritage fabuleux des Normands » . J’étais heureux pour Alain, hospitalisé depuis plusieurs semaines, que des millions de personnes puissent ce soir là, devant leur écran, mieux comprendre le sens de son projet. L’aventure de la Mora – c’est le nom du navire de Guillaume Le Conquérant – va continuer sans lui. Elle ira, j’en suis sûr, à son terme.
Et, de notre côté, nous nous battrons pour faire vivre le Festival des Mémoires de la Mer dont la 1ère édition s’était déroulée en 2019 sur ses terres normandes, à Fécamp.
Nous avions noué, Alain et moi, depuis 30 ans une complicité et une amitié nourries de projets et de réalisations partagées mais aussi de navigations amicales des deux côtés de la Manche avec Claire et Annyvone, nos compagnes. Des traversées de Manche : pour la régate, comme durant cette course Cowes-Deauville remportée ensemble, il y a bien des années, sur son voilier de l’époque, un Aphrodite 101; pour le plaisir aussi et la découverte des hauts lieux de l’histoire maritime britannique, à Portsmouth ou sur la Beaulieu River.
Un plaisir gâché, lors d’un week-end de l’Ascension, par un excès de zèle mal venu de la douane et de la gendarmerie maritime, débarquant brutalement de nuit au large de la baie de Seine, pour une fouille en règle de tous les recoins du Sun Fast 32, son nouveau voilier baptisé » Mora »…, et battant piteusement en retraite au bout de deux heures, incapables de justifier à l’avocat rigoureux qu’était Alain, la légalité de leur arraisonnement spectaculaire, mitraillettes au poing, projecteurs éblouissants et intimidations verbales par hauts parleurs à la clé.
On ne s’ennuyait jamais avec Alain Bourdeaux!
Il va sacrément nous manquer.
Benedict Donnelly
Merci pour cet hommage.
Normand, plaisancier et juriste, ces trois caractéristiques me rapprochaient d’Alain.
Membre du YCF depuis longtemps, je n’avais pas eu l’occasion de bien le connaître mais je garderai le souvenir d’un homme raffiné et cultivé, avec lequel j’avais beaucoup parlé durant une agréable soirée chez un ami commun.
Il avait notamment évoqué son projet de reconstruction du Mora du Duc Guillaume, projet qui m’a fasciné !
Je venais d’apprendre que son bateau est à Cherbourg, comme le mien, nous venions de correspondre à ce propos et je me réjouissais de l’y retrouver.
Le destin en a voulu autrement, je pense à lui et à la tristesse des siens.